Nous dédions ces lignes à une véritable icône de la science, une femme qui a marqué l'histoire de la médecine et de la recherche par ses découvertes révolutionnaires : Rita Levi-Montalcini. Cette femme visionnaire a été à l'avant-garde de la neurobiologie, bousculant les conventions de son époque et ouvrant la voie à de nouvelles possibilités dans la compréhension du système nerveux.
Les débuts d'une carrière scientifique remarquable
Rita Levi-Montalcini est née le 22 avril 1909 à Turin, en Italie, dans une famille juive. Dès son plus jeune âge, elle montre un intérêt marqué pour la science et la médecine. Malgré les réticences de son père qui préférait la voir suivre un parcours plus traditionnel pour une femme de son époque, Rita parvient à entrer à l'école de médecine de l'Université de Turin. Déterminée à échapper au destin que ses parents avaient choisi pour elle, Rita ne sera ni mère, ni épouse. Amoureuse, elle le sera plusieurs fois mais dédiera sa vie à ses recherches et non à un foyer.
Le contexte politique de l'époque, avec la montée du fascisme en Italie, oblige Rita à poursuivre ses recherches dans des conditions précaires. Les lois raciales de 1938 interdisent aux Juifs de travailler dans les universités et les institutions publiques. Elle se retrouve donc expulsée de l'Université de Turin dont elle est brillamment sortie diplômée, spécialisée en neurologie et psychiatrie. Pour échapper aux lois racistes, elle installa son premier laboratoire à la maison. Son laboratoire de fortune se trouve dans sa chambre à coucher et c'est ici qu'elle commence ses recherches sur le développement du système nerveux.
Une découverte révolutionnaire : le facteur de croissance nerveuse
Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré les conditions difficiles, Rita continue ses recherches en secret. Après la guerre, elle accepte une invitation à travailler aux États-Unis, où elle poursuit ses travaux à la Washington University de Saint-Louis. C'est là, qu'elle fait sa plus grande découverte : le facteur de croissance nerveuse (NGF).
Le NGF est une protéine essentielle au développement et à la survie des neurones. Cette découverte, réalisée en collaboration avec Stanley Cohen, a ouvert de nouvelles perspectives dans la compréhension des maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer et la sclérose en plaques. En 1986, Rita Levi-Montalcini et Stanley Cohen reçoivent le Prix Nobel de Physiologie ou Médecine pour cette contribution majeure à la science.
L'impact durable de ses travaux et son engagement social
Rita n'a pas seulement été une scientifique brillante ; elle a également été une fervente défenseure de la justice sociale et des droits des femmes. En 2001, elle est nommée sénatrice à vie en Italie, utilisant cette nouvelle position pour promouvoir la science et l'éducation. Discrète féministe, elle a notamment fondé avec sa soeur jumelle Paola, la Fondation Rita Levi-Montalcini à la mémoire de son père ingénieur électricien et mathématicien. La Fondation est consacrée à l'éducation des femmes en Afrique, œuvrant pour que jeunes filles aient les outils nécessaires pour surmonter les obstacles sociaux et économiques et en les aidant à avoir une position dans la vie scientifique et sociale de leur pays.
Un modèle d'inspiration pour toutes les générations
Rita Levi-Montalcini a vécu jusqu'à l'âge de 103 ans, a continué à travailler et à inspirer jusqu'à la fin de sa vie. Elle a souvent dit que son cerveau ne montrait aucun signe de vieillissement, grâce à son engagement constant envers l'apprentissage et la recherche. Son héritage perdure, non seulement à travers ses découvertes scientifiques, mais aussi par son exemple de persévérance, de courage et de dévouement envers les causes qui lui tenaient à cœur.
Aujourd'hui, elle est reconnue comme une pionnière dans le domaine de la neurobiologie, une femme audacieuse et visionnaire qui a ouvert la voie à de nombreuses autres femmes dans les sciences.
Crédit photo : Wikimedia Commons
Sources : Le Monde ; La Repubblica ; Nature ; The Nobel Prize Organization