Depuis des siècles, le vêtement féminin a été utilisé pour exprimer des normes sociales, des contraintes culturelles, mais aussi pour revendiquer la liberté. Dans cet article, nous explorerons la corrélation entre le vêtement et la libération de la femme à travers différentes époques.
Du corset à la liberté de mouvement
C'est dans les années 1920 que Paul Poiret, designer de renom, invente la première silhouette mode qui n'a pas besoin d'être corsetée. Cette silhouette appelée "tonneau", se resserre juste en dessous de la poitrine et non à la taille, rappelant ainsi le style vestimentaire de la Grèce antique. Cette nouvelle silhouette à la mode permet de réaliser qu'une allure féminine ne dépend pas seulement de l'utilisation de jupons et corsets.
Illustration de la mode Paul Poiret
Pourtant, des années plus tard, le New Look de Christian Dior affiche une taille de guêpe qui impose l'utilisation du corset. Paul Poiret était donc novateur mais n'a pas fait entrer la silhouette non corsetée dans le quotidien des femmes. Il faudra le gros coup de pouce de la seconde guerre mondiale, drame qui aura pour seul avantage de pousser la femme à travailler et se débrouiller seule. Hors de question de porter jupons et corsets lorsque l'on participe à l'effort de guerre en allant à l'usine. Pour définitivement assoir cette habitude, la créatrice Coco Chanel en fait son combat et ne cesse de créer des vêtements élégants, mais non contraignants, pour que la femme continue de s'émanciper. Elles obtiendront notamment le droit de vote avant la fin de la guerre en 1944.
Coco Chanel en 1950
Collection Automne/Hiver 1958-1959 de Chanel
La jambe cachée se dévoile
Les femmes, ainsi galvanisées par la disparition du corset, ne vont pas s'arrêter là et ainsi démarre, une véritable rébellion pour se réapproprier leur corps et acquérir de nouveaux droits. C'est dans ce contexte d'émancipation que naît la mini-jupe. Sa créatrice est Britannique et s'appelle Mary Quant. Afin de séduire ses clientes, elle raccourcit les jupes et appelle sa création mini-jupe en référence à la voiture Mini dont elle raffole.
La créatrice Mary Quant et deux de ses mannequins en 1972
Un conflit de générations éclate alors entre les jeunes filles, qui voient dans ce vêtement le moyen d'affirmer leur sexualité et de réclamer leur liberté, au grand regret de leurs parents qui l'assimilent au summum de l'indécence et de la vulgarité. C'est André Courrèges qui contribue à populariser la mini-jupe en France et dans le monde en lui dédiant une collection complète en 1965.
La mini-jupe par André Courrèges
La révolution vestimentaire
C'est alors qu'arrive Yves Saint Laurent et sa volonté d'adapter le vestiaire masculin au corps féminin. C'est l'image de la femme forte et indépendante qui n'a besoin de personne, encore moins d'un homme. Du caban à la combinaison, le jeune homme repense entièrement la mode féminine en une dizaine d'années. En 1966, Yves Saint Laurent sort le premier smoking pour femme et l'encourage à se moderniser.
Le pantalon féminin commence à être accepté lors de la pratique d'un sport ou à la campagne grâce au développement des congés payés et des loisirs. C'est dans les années 50 que les icônes telles que Brigitte Bardot ou Audrey Hepburn lui donne son côté glamour "Un pantalon suit vos jambes. Une jupe mène sa vie. Le pantalon vit la vôtre", disait Sonia Rykiel. Ce n'est que pendant les années 80 que porter le pantalon est acquis et banalisé !
Brigitte Bardot en jean dans Paris
La mode comme forme d'expression
Au fil du temps, le vêtement est devenu un outil puissant de protestation pour les femmes. Des symboles tels que le costume féminin aux couleurs vives du mouvement suffragiste aux tee-shirts imprimés arborant des slogans féministes, le vêtement a été utilisé pour revendiquer l'égalité des sexes et les droits des femmes. Nombreux sont les défilés de mode qui se positionnent sur des sujets sensibles et dénoncent les travers de la société. Comme le controversé défilé Chanel au Grand Palais prenant la forme d'une manifestation féministe en 2015.
Vivienne Westwood est l'une des créatrices de mode les plus reconnues pour ses revendications via le vêtement et les défilés qu'elle créé. Dès le Printemps-Eté 2006, elle profite de son défilé à la Fashion Week de Paris pour s'opposer aux lois antiterroristes controversées. Par la suite, les questions environnementales ont longtemps été au centre des préoccupations de la créatrice, de la bannière “Climate Revolution” déployée à la fin de son défilé Printemps-Eté 2013 aux zombies du changement climatique qui ont défilé pour le Printemps-Eté 2014. Sans oublier sa prise de position contre le Brexit où sa collection unisexe Automne/Hiver 2018-2019 présentait un modèle agitant le drapeau de l'UE.
Défilé Vivienne Westwood Printemps-Eté 2014
Aujourd'hui, la mode est devenue un moyen pour les femmes d'exprimer leur individualité et leur autonomie. Des tenues audacieuses et non conventionnelles aux styles plus sobres et professionnels, les femmes utilisent le vêtement comme un moyen de se sentir confiantes et puissantes. Les campagnes de mode encouragent la diversité corporelle et l'inclusivité. Même s'il reste encore du chemin à parcourir, les récents progrès participent à changer les normes autour du vêtement et de la notion de féminité.
Etam Live Show 2023